Paris, 1er novembre 1849

Charles de Flahaut à sa femme

 

"Hier, journée pour ainsi dire de crise et d'alarme. Je ne m'en suis pas ému, car je ne doute pas que, quelque désagréable que puisse être le changement pour les chefs de la majorité (les Burgraves), la nécessité s'impose pour eux et leurs troupes de rester unis avec le Président, à tel point que toute scission est impossible."
"Le Président paraît résolu à tout (Il paraît qu'il est résolu à tout - qu'il s'agisse des actes ou des hommes -) pour rétablir l'ordre. Auguste l'a vu hier au moment du changement de ministère : il était aussi calme que si rien ne se passait. (Le mercredi 31 octobre, le Président, par un bref message à l'Assemblée Législative, destitua tout le ministère Odilon Barrot qu'il remplaça par un cabinet sous la présidence nominale du général d'Hautpoul. Cet événement marqait pour l'Assemblée un abandon définitif du pouvoir) J'étais convaincu après l'avoir vu (le 29 novembre), qu'il était décidé à sortir de sa position actuelle ! Il paraît que, malgré son air calme et doux, rien n'a d'effet sur lui, une fois sa détermination prise.
Je dîne chez lui lundi et j'ai l'intention de partir mardi... J'ai commandé votre robe grise avec l'approbation d'Auguste et Cie. J'espère qu'elle aura la vôtre."

" Il est évident que sa décision était prise lorsque je l'ai vu… Il semble que, malgré son calme et sa douceur, aucun raisonnement n'ait prise sur lui une fois sa décision arrêtée…"