Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
27 novembre 1815

Je ne t'ai pas écrit hier parce que j'ai un de ces gros rhumes de tête qui m'ont fait pleurer tout le jour. Je suis mieux aujourd'hui, le duc de Bedford a eu la bonté d'ecrire à lord W... Russell qu'il avait pour toi toutes les attentions que méritaient ta conduite et ton caractère qu'il admirait beaucoup. Cela m'a rendu fort heureuse.
La Valette aura 27 jours avant que la Cour de Cassation puisse appeler son affaire, en espérant pendant ce temps obtenir sa grâce. Je ne le crois point, parce que le jour où il a été condamné, il a écrit à Raguse dont il avait été l'ami intime, d'abord pour lui dire qu'à cette heure suprême, il ne se souvenait que des affectionsde sa jeunesse, et qu'il lui demandait d'obtenir du Roi que sa mort du moins fut celle du brave ayant été militaire si longtemps, que la seule grâce qu'il demandait était d'être fusillé au lieu de guillotiné. Le Roi l'a refusé. Ceci n'en parle point, car il ne faut rien aigrir contre cet excellent homme tant qu'il vit.
Adieu cher ami, que je t'aime, et avec quelle joie je donnerais ma vie pour assurer ton bonheur et ta santé.
Papa t'embrasse. La famille se porte bien.
Lord Castlereagh, en quittant M. de Tall... auquel il s'était fort attaché ici, lui a dit : Si ceci s'établit, vous ne pourrez pas rester en France et vous viendrez chez nous. S'il y a du trouble, nous reviendrons ici.
Tire de cela toutes les inductions ? que tu voudras.
Adieu cher ami de mon âme, dès que le Camoëns sera fini, j'irai te voir. Je crois qu'on voudrait bien faire changer d'air à Casimir ... contre toute espérance.

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