Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
? janvier 1816

(incomplète) les taupes ne minent-elles pas les meilleurs terrains, ne font-elles pas mourir les plus grands arbres. La présence continuelle donne une terrible influence. Enfin, si je me trompe, le silence est de justice. Si j'ai raison, il est bien plus nécessaire encore, mais voilà ce qui m'est arrivé .
Je reçois à l'instant les mustachaly (?)
Fais mille remerciements à lady Holland, mais papa a dit en soupirant : oh ! que je serais heureux si c'était le Camoëns ! Envoie nous le bien vite, mon bon et cher ami.
M le duc de Berry a dit l'autre jour à des courtisans en voyant passer Marmont : Ah ! quand verrai-je ce B là fusillé comme les autres. Il l'a dit tout du long sans bégayer et moi je le répète un peu pour l'exactitude historique. Cela a été tout de suite répété à Marmont qui l'a dit à Alphonse de qui je le tiens.
M. le duc de Berry a dit encore en parlant de M. de Tall... : C'est ce B. là qui nous a trahi en 1814, mais j'espère qu'il y passera un jour; à l'instant, M. de Tall. l'a su et l'autre jour à dîner avec lui, devant beaucoup de monde , il a raconté ce mois de may (?) et a dit tout ouvertement : C'est à moi que le Roi doit sa couronne, car l'emp... de Russie m'avait dit qu'il consentirait à telle branche de la Maison de Bourbon que je voudrais, et même à la régence si la nation le désirait. Je crois que par ce discours, M. de Tall... a satisfait son orgueil, mais a semé bien des haines qui lui retomberont sur la tête un jour.
Adieu, cher, cher ami, je t'aime de toute mon âme. Ecris-moi souvent. Lord W. dîne chez moi aujourd'hui, nous boirons à ta santé.
Les anglais ne s'en vont plus qu'en mars. Bourdois (?) est venu me voir pour la nouvelle année. Il m'a dit qu'il croyait que M. de Tall... serait promptement obligé d'aller s'établir à Valençay. Il aura bien manoeuvré. Quelqu'un disait l'autre jour que la charte était un parapluie à canne ; quand le Roi est tranquille, il s'en sert pour battre des enfants ; quand il est inquiet, il la déploie pour s'en faire un abri. On n'entend plus que : Vive la charte !
F...dit bien se souvenir de Madame Néné qui lorsqu'il commença à trahir l'empereur, lui dit : Les défauts du caractère de l'Empereur, c'est votre jambe de bois qui vous gêne à marcher ; avec votre vie passée, les Bourbons, c'est votre tête de bois qui vous empêchera de vivre.
Auguste, m'a demandé hier quand donc tu reviendrais.
Je t'embrasse encore. J'ai écrit à Henriette que dès que l'édition sera finie, nous irions la trouver si elle avait la certitude que nous pussions nous établir là .

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