Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
20 mars 1817

Je ne t'écrirai qu'un mot pour te dire que M. Stanhope ne partira que dimanche parce qu'il veut voir Germanicus samedi . Je compte aussi y aller, c'est une représentation où l'on annonce beaucoup de bruit, beaucoup d'esprit de parti, , et il est assez curieux de voir cela par la fenêtre.
Envoie-moi mon tulle dans une lettre, je t'en supplie, je l'attends pour finir ma robe et l'envoyer de la part de M. de Morny à qui de droit.
Mme de Staël va plus mal depuis hier au soir. Moreau n'en augure pas bien, et malheureusement je n'ai guère vu ses fatales prédictions manquer. Je me souviens tristement de la manière positive dont il avait condamné M. Horner.
Tu auras un paquet immense par M. Stanhope, et encore du chocolat.
L'inondation est finie, et toute l'eau de mon jardin de mes caves retirée, mais elle a laissé un tel froid dans la maison que je ne puis me réchauffer et ne suis bien que dans mon lit. Du reste, à l'heure que je te parle, il neige comme au mois de janvier. Je n'ai jamais vu pareil temps. Le rhume de papa va mieux, quoiqu'encore très fort ; il enverra à Palmella une immense lettre qui est toute prête, aussi par M. Stanhope. La montre à réveil pour M. H. Fox est en argent. Cela lui convient-il ? En or, ce serait beaucoup plus cher que le prix qu'il veut y mettre. Réponds à cela tout de suite. Mets mon tulle dans une lettre, je t'en prie, le plus tôt le mieux car je languis après.
Je t'aime, je t'embrasse de toutes les forces de mon âme.
Mme d'Arjuzon a marié sa fille avant-hier à M. d'Espagnac. Mme Dulauley disait au déjeuner du lendemain : Ah ! comme l'époux a l'air triste ! J'avais cru que ce serait la mariée. Il est vrai que cet époux représenterait fort bien un chevalier de la triste figure.
Adieu cher ami, attends ma grande lettre.

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