Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
19 octobre 1818

J'espère enfin avoir trouvé une femme de chambre. Elle a servi Mme Collat qui est désolée qu'elle l'ait quittée. Cette Mme Collat faisait quatre toilettes par jour, elle sait dit-on parfaitement coiffer et faire les robes. J'en prendrai de plus amples informations, mais ma chère fille, je me réjouis (j'espère même) d'avoir à vous envoyer quelqu'un pour remplacer cette Mme Frederick que je suis désolée que vous ayez encore d'après la peinture que vous m'en avez faite.
J'ai écrit à Gabriel Delessert pour qu'il s'informât s'il y a un vaisseau à Rouen pour vous envoyer toutes les gourmandises que Charles demande. M. G. ne connaît plus personne à Rouen et Mme Stanislas est à Ermenonville, je n'ai donc plus que Gabriel.
Que je suis heureuse d'apprendre que votre santé est bonne, que je souffre de penser combien le régime que l'on vous a prescrit doit vous fatiguer, vous ennuyer, mais songez ma chère fille que votre santé pour le reste de la vie en dépend, et quelle consolation vous aurez après lorsque vous approcherez de votre coeur ce petit enfant pour lequel j'élève mon âme à Dieu à tous les instants. Je le prie pour vous ma bien aimée fille , pour Charles qui vous tourmente un peu mais c'est parce qu'il vous aime, parce qu'il vous donnerait sa vie pour vous conserver. Quand j'étais malade, il me tourmentait aussi et je voudrais bien qu'il vint encore m'ôter insolemment mon assiette quand ce que je désire manger lui paraissait du fruit défendu. Je grognais, et j'espère que vous en faites autant. Si nous étions réunies contre lui, nous le tromperions et nous passerions sous la table ce qu'il proscrirait ; que j'aurais été heureuse de vous avoir tous deux, mais que serions-nous devenus si votre état s'était déclaré ici ! Comment aller accoucher en Angleterre ; enfin, croyons que Dieu fait bien ce qu'il fait et que ce petit sera un prodige. Je vous embrasse de toute mon âme.

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