Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
19 avril 1819

Je t'ai écrit par la poste lundi dernier comme tu me l'avais dit, mon cher Charles, cependant je n'aime pas trop cette voie car je sais positivement que mes lettres sont fort examinées. Aussi t'ai-je dit à peu près que j'avais mal aux dents et puis c'était tout.
L'amiral Flemming a dîné chez moi vendredi dernier ; je l'aime un peu plus que jamais, quel excellent homme ! Si franc, si bon. Je ne laisse pas de croire qu'il va être bien tourmenté par les vieux oncles et les vieilles tantes car (ceci entre nous trois seulement) il part pour l'Ecosse avec une petite espagnole et deux petites filles à lui ; les Anglaises d'ici commence à en chuchoter, ainsi cela gagnera naturellement Londres. Il paraît, d'après tout ce qui m'est revenu de Bordeaux, que cette petite espagnole y a eu une conduite admirable et qu'elle a toutes les vertus compatibles avec le Flemming et les deux petites filles, mais les vieux oncles, les vieilles tantes : que d'agitation ! que de commérages ! Je les entends d'ici . Ah ! Que l'on serait heureux sil' on s'occupait la moitié autant de ses affaires que l'on s'agite sur celles des autres.
Ah Mon Dieu, comme j'allais continuer cette lettre, ma pauvre Sally s'est trouvée mal comme pour mourir, j'ai cru qu'elle allait passer, je ne puis te dire le saisissement que cela m'a causé. 28 ans qu'elle est près de moi ! qu'elle m'a vue dans toutes mes situations, elle est mieux mais a encore les yeux bien tournés.
Mes enfants, mes chers enfants, je vous aime de toute mon âme. Dieu vous bénisse, vous protège, et puissiez-vous être aussi heureux que mon coeur le désire.
Je tremble encore trop pour écrire plus longtemps. Ce sera pour l'amiral Fl... qui va partir.

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