Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
25 avril 1821

J'ai reçu ta petite lettre du 19, mon cher Charles, et j'ai été bien touchée des souvenirs de ta jeunesse qui s'y trouvent, cela m'a fait du bien. Quel heureux temps ! Que de doux souvenirs, et qu'ils rendent pénibles les chagrins actuels, enfin ne parlons que de cette bonne lettre dont je te remercie.
Auguste va mieux, il entend très clairement tout ce qu'on lui dit quelque bas qu'on lui parle. Ce n'est que la conversation générale qui lui échappe, mais encore il y a t-il beaucoup de manque d'attention. Au surplus il le paie cher car il a un vescicatoire au bras après en avoir eu un derrière le col et si cela continue, et que je vois bien qu'il n'entend pas, on lui mettra un moxa (?) derrière chaque oreille. Sois bien sûr que rien ne sera négligé.
Du reste on est très content de lui quant à ses études et demain il rentre à l'école.
J'attends avec impatience la nouvelle de l'heureuse délivrance de ma fille. Si elle a une seconde Emilie, je la recevrai très bien.
On dit le ministère ici très mécontent du côté droit que l'on va diviser. J'ai rencontré le duc de Richelieu chez la comtesse Orloff l'autre soir, et je lui ai entendu dire qu'il savait par Odessa que l'affaire des grecs allait fort mal pour eux. Qu'alors on les tuerait tous. Je ne puis pas dire qu'il en paru bien aise, mais il en parlait avec indifférence, ne dites point cela à sa tendre amie à Londres, car je ne veux point avoir l'air de répéter ce que j'entends en maison tierce. Cependant l'air indifférent avec lequel il annonçait ces grands massacres m'a fait mal.
On s'attend à la plus affreuse réacrion Royale à Naples.
Ma très chère fille, je viens d'envoyer chez votre lingère pour avoir le peignoir samedi, et j'espère vous l'envoyer par le courrier portugais qui par ce jour-là.
Le 21 avril, nous avons bu à la santé de Charles, à la vôtre, et à celle du petit que nous attendons. Je ne fais pas d'autres voeux pour lui, sinon qu'il soit aussi gentil que notre chère petite Emilie. Je l'embrasse de toute mon âme ainsi que son père et sa mère.
Je suis à la recherche d'une femme de chambre pour vous, et j'en ai deux en vue. Je vous en écrirai lundi.

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