M. De Vaudreuil au comte d'Antraigues
Coblence, le 23 juillet 1791

J'aurais voulu avoir plus de temps pour vous écrire, mon cher comte, mais je n'ai qu'un moment pour vous embrasser. Sérent vous rendra compte de notre position, qui est bonne et ne peut plus manquer de s'améliorer chaque jour. Je jouis ici de l'amour et de la vénération qu'on a pour notre charmant prince, auquel nous devons le rétablissement du trône et l'existence et l'honneur. J'espérais recevoir ici de vos nouvelles, et je n'en ai pas encore eu. J'ignore si vous êtes encore à Turin ou si vous êtes allés dans vos montagnes. Mandez-moi vos projets et où je pourrai vous écrire en sûreté.
Les Suisses viennent de se prononcer comme des gens qui sentent de grandes forces à leur appui. La diète de Ratisbonne marche bien, et le roi de Prusse se prononce. Cela ira, cela ira. Il faut bien que cette sacrilège chanson soit enfin sanctifiée. On désirerait que M. Audainel fit un second volume à son excellent ouvrage. Si vous avez pouvoir sur lui, engagez-le à travailler ; mais surtout qu'il garde du temps pour écrire à ses meilleurs amis.
Je vous embrasse de tout mon coeur.

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