Le comte d'Artois à la comtesse Diane de Polignac
Ulm, ce 7 juin 1791

Vaudreuil a été assez aimable pour me donner de vos nouvelles, ma pauvre ùère, et vous jugez le bien qu'il m'a fait en m'assurant qu'il vous avait trouvée un peu mieux. Soignez-vous pour vos amis ; comptez-moi de ce nombre ; croyez à tout le tendre intérêt que vous m'inspirez, et fortifiez-vous du juste espoir de voir bientôt terminer nos peines.
Je ne sais plus où est votre jeune ami. S'il vous a rejointe, je veux vous le laisser le plus longtemps possible ; mais il a une boussole sûre, en se laissant guider par Vaudreuil.
Mon amie ne sera plus avec vous quand vous recevrez cette lettre. Elle aura quitté ses parents avec regret ; elle aura été affligée de se séparer de vous ; mais, tout franc, ni elle ni moi n'aurions pu résister à un aussi grand éloignement, surtout dans de pareilles circonstances. Mais le ciel permettra que nous soyons bientôt tous réunis, et pour ne plus jamais nous quitter.
Elle va à Bruxelles, comme vous le savez. Elle y sera avec ses amies, avec plusieurs de ses parents, avec Mme de Vaudreuil, et sa position sera décente et convenable.
Adieu, ma pauvre mère. Vous voyez que je compte bien sur vous, puisque je vous parle autant de ce qui m'intéresse ; mais je suis tranquille, et je n'ai pas même peur de vous ennuyer.
Adie ; aimez-moi bien, et croyez que mon amitié pour vous est à la vie et à la mort.
Mille tendresses, je vous en prie, à votre frère, à votre soeur, enfin à tous mes bons et vrais amis.

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