M. de Vaudreuil au marquis de Vaudreuil
Vienne, ce 30 décembre 1792

Instantes recommandations de venir à Vienne voir sa famille.

Je prie M. le comte d'Artois de vous faire remettre cette lettre que je lui envoie par un courrier, mon cher cousin. Je vous ai écrit à la poste par Stirum, ainsi que vous me l'aviez mandé ; mais je crains que cette lettre-là ne vous soit pas parvenue, vu le nouveau mouvement rétrograde des Autrichiens.
Je supplie M. le comte d'Artois de vous donner les secours nécessaires pour vous mettre en état de venir ici avec votre famille, de la façon la moins coûteuse ; car, tant que je vous saurai tous comme des oiseaux sur la branche, je frémirai d'inquiétude.
Je vous ai autorisé à demander et à donner quittance à M. Vaucher des soixante-cinq louis qu'il me doit, et j'ai pour cet effet signé ma dernière lettre, et je signerai en conséquence encore celle-ci.
Au logement près, qui est un peu cher, la vie est à bon marché à Vienne, et d'ailleurs, si Saint-Domingue est suvé, comme je l'espère, par le déclaration de guerre des Anglais, je serai encore heureux, puisque je pourrai vous soutenir tous à mes frais. Sinon, nous demanderons tous l'aumône de compagnie ; mais je ne peux tenir à l'idée de vous savoir si loin de moi, toujours errants, toujours en danger des patriotes ou de la faim.
Mon crachement de sang est fort apaisé depuis ce matin ; mais il avait commencé un peu vivement.
Oh ! mon cousin, que vous m'occupez ! Que vous me causez tant d'alarmes ! Rapprochez-vous de moi, si vous voulez que je vive.
Je vous embrasse tous du plus tendre de mon coeur.
Le comte de Vaudreuil.

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