Le comte d'Artois à M. de Vaudreuil
Ce 19 avril 1793 (soir)

Réunion de Dumouriez aux Autrichiens.

Si mon amie est encore avec toi, tu lui remettras cette lettre ; sinon tu la lui enverras par la poste.
Nous avons la grande nouvelle de Dumouriez et sa réunion à M. de Cobourg (Pendant que le comte d'Artois se trouvait à Saint-Pétersbourg, on y reçut la nouvelle que Dumouriez avait passé aux Autrichiens et qu'il marchait, à la tête de 20.000 hommes, pour rétablir le Roi (Louis XVII) Khrapowitzky, secrétaire de confiance de l'impératrice Catherine, marque dans son journal (Saint-Pétersbourg, 1874, p.425) que le comte d'Artois fut très mécontent de cette nouvelle, et qu'il exprima la crainte que "la régence ne tombât entre les mains de la Reine". De son côté, Rostoptchine écrivait de Saint-Pétersbourg, le 14/25 avril 1793, au comte Woronzov, à Londres : "Les émigrés d'ici n'ont pas été contents de la réunion de Dumouriez. A travers les grands mots, on voyait que la perspective d'avoir pour souverain le fils de celui qu'ils ont abandonné lâchement ne leur donne pas de grandes espérances, et je ne crois pas non plus que la Reine tienne à la noblesse par la reconnaissance." Archives Woronzov, Tome VIII, p.67). J'en suis tout ému, tout etouffé ; mais rien n'est changé à ce que je t'ai mandé ce matin. Dieu sauve le temple, mais j'ai bien peur.

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