Le prince de Condé au baron de Flach Slanden
Schweigenheim, ce 26 mai 1793

Espérances du comte d'Artois - Incertitude sur l'état de la Bretagne - Siège de Mayence

J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 18, et celle de M. le comte d'Artois, qui y était incluse. Je vois avec grand plaisir qu'il conçoit beaucoup d'espérances, et je n'ai pas besoin de vous dire combien je désire qu'elles se réalisent. Je ne sais si la Bretagne est au point qu'il puisse y passer tout de suite, et jue crains que les Anglais n'aient plus assez de troupes chez eux pour pouvoir faire un nouvel embarquement.
Quant à nous, Autrichiens, Prussiens et Français, nous en sommes à nous retrancher jusqu'aux dents, par beaucoup de redoutes et des abattis immenses. Je vois l'Allemagne bien défendue ; mais je ne vois pas encore la France attaquée ; cela viendra peut-être un jour, il faut l'espérer. Au reste le siège de Mayence, qui ennuie beaucoup M. le régent, avec raison, n'est pas plus avancé qu'il y a deux mois ; je ne crois pas qu'on soit encore convenu du point d'attaque, ni qu'on soit pourvu de tous les approvisionnements dont on a besoin. Avec de la patience (mais il en faut beaucoup), touit ira peut-être à bien, il faut s'en flatter.
En attendant, nous ne pouvons que nous louer des Autrichiens ; nous sommes employés en première ligne, et depuis le général Splény jusqu'au dernier soldat, ils sont parfaitement honnêtes vis-à-vis de nous.
S'il nous tombe du ciel quelque événement, je ne manquerai pas d'en instruire M. le régent aussitôt.
Vous connaissez, Monsieur, toute mon amitié et mon estime pour vous.

retour vers la correspondance de M. de Vaudreuil