Journal d'une femme de cinquante ans : 1778-1815 / Marquise de La Tour du Pin
publié par son arrière petit-fils le colonel comte Aymar de Liedekerke-Beaufort
Pergamon press - 1913

Préface (extraits) :
L'auteur du Journal d'une femme de cinquante ans, Henriette-Lucie Dillon, était née à Paris, rue du Bac, le 25 février 1770. Elle épousa à Montfermeil, le 21 mai 1787, Frédéric-Séraphin, comte de Gouvernet.
Au décès de son père mort sur l'échafaud le 28 avril 1794, le comte de Gouvernet prit le titre de comte de La Tour du Pin de Gouvernet. Il fut nommé pair de France et créé marquis de La Tour du Pin par lettres patentes du 27 août 1815 et du 13 mars 1820...
La marquise de La Tour du Pin nous conte tous les événements notables de la période de sa vie comprise entre son enfance et la fin du mois de mars 1815, dans le Journal d'une femme de cinquante ans. Elle crut, après les Cent-Jours, avoir retrouvé définitivement le repos pour son âge mûr ; l'avenir lui paraissait définitivement fixé. Hélas, il n'en était rien ! Les années qui suivirent la révolution de 1830 lui réservaient en particulier de nouveaux revers de tous genres.
Son histoire, à dater de 1815, reste étroitement liée à celle de son mari, qu'elle suivit à La Haye d'abord, à Turin ensuite. Elle partagea même sa captivité de trois mois au fort du Hâ, du 20 décembre 1832 au 20 mars 1833.
Elle l'accompagna également en Italie, puis en Suisse, dans l'exil volontaire qu'il s'imposa pour partager celui de son fils Aymar, et se trouvait au chevet de M. de La Tour du Pin, à Lausanne, au moment de sa mort, le 26 février 1837.
Quelques temps après, elle partait, avec son fils Aymar, le seul survivant de ses enfants, pour l'Italie, et s'installait en dernier lieu à Pise, en Toscane, où, âgée de quatre-vingt-trois ans, la mort venait l'atteindre le 2 avril 1853...
Ce journal, il est à présumer que la marquise de La Tour du Pin le rédigeait par à-coups, avec de longues interruptions. En effet, si la première partie date du 1er janvier 1820, nous trouvons la trace, dans les mémoires eux-mêmes, que les dernières pages de cette partie n'ont été écrites, ou tout au moins mises au net, qu'entre les années 1839 et 1842.
Quant à la seconde partie, la minute ou la copie n'en a été commencée que le 7 février 1843.
La marquise de La Tour du Pin a donc été surprise par la mort avant d'avoir pu achever l'oeuvre qu'elle avait entreprise, car le récit des événements de sa vie s'arrête au mois de mars 1815, alors qu'elle mourut le 2 avril 1853 seulement.
Avec la marquise de La Tour du Pin, disparaissait un des derniers vestiges de la haute société d'avant la Révolution, dont les traditions, il est permis de le dire, ont aujourd'hui complètement disparu.
La lecture du Journal d'une femme de cinquante ans permettra déjà d'apprécier la valeur de celle qui l'a écrit, ainsi que ses belles qualités d'esprit, de coeur et d'âme. Ceux qui l'ont connue, et dont nous avons recueilli les impressions, l'estimaient et l'aimaient...
Le manuscrit du Journal d'une femme de cinquante ans fut, à la mort de l'auteur, recueilli par son fils, Aymar, marquis de la Tour du Pin. celui-ci le légua à son neveu, Hadelin, comte de Liedekerke Beaufort. Ce manuscrit a paru suffisamment intéressant pour mériter d'être imprimé, tout au moins pour en assurer la conservation définitive.
Puisse ces volumes consacrer le souvenir de la marquise de La Tour du Pin et être considérés comme un témoignage de fidèle affection offert à sa mémoire par l'un de ses descendants.
Paris, juillet 1906, A. de Liedekerke-Beaufort

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