Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Ecole militaire, le 6 ventôse an XIII (25 février 1805)

Il n'est pas trop facile de se faire une idée de l'administration de l'Ecole militaire. L'autorité s'y trouve partagée entre tant de gens qu'on ne sait véritablement à qui obéir. Depuis six semaines que je suis ici, j'ai seulement appris qu'on était assez mal nourri, et qu'on avait dix heures par jour d'exercice et d'étude.
Pour tuer le temps, je fume et je travaille le plus possible ; il paraît, au reste, qu'on est pas trop mécontent de moi, car le général vient de me nommer à la compagnie d'élite.
On imprime dans ce moment un vaste programme, qui renferme une foule de questions relatives à tous les cours que l'on suit ici. Il faudra, pour sortir sous-lieutenant, se mettre à même d'y répondre d'une manière satisfaisante. A partir de vendémiaire prochain, le prix de la pension sera doublé ; mais j'espère toujours être du nombre des partants.
... L'exécution du projet que j'ai formé ne me paraît pas impossible, mais ce n'est pas encore le moment d'y penser. Je prendrai de nouvelles informations, e, si tu viens ici, nous nous concerterons pour en assurer le succès. Il s'agirait de solliciter une place d'adjoint à un commissaire de guerre ou à un commissaire ordonnateur ; je crois que cela pourrait bien valoir une sous-lieutenance. Ton avis, je te prie, à cet égard. Les conscrits de l'an XIII seront donc bien mal traités ; d'après toutes les apparences, les remplacements seront presque impossibles. Fais-moi le plaisir de me dire comment nos messieurs s'en seront tirés.
Où en sont donc les affaires de ta société ? Je crois que la séparation n'avance guère plus que la vente de Champroux. Tant mieux ; le plus tard sera sans doute le meilleur.
Tout à toi.
Yon sincère ami

PS. Mes respects chez toi. J'espère donc voir M. Emile en culotte à mon prochain voyage.

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