Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Fontainebleau, le 11 fructidor an XIII (29 août 1805)

Sous pli de ta lettre du 8 courant je trouve ta remise sur Jacques Récamier au 20 courant franc et une lettre de crédit pour Frédéric Lhéritier, auquel en temps et lieu j'aurai recours. Encore une fois, mon bon ami, le général ne fait point donner de congé absolu ; quand on veut quitter l'Ecole, on est absolument le maître de disposer de sa personne, mais on rentre dans la classe ordinaire des conscrits et on s'arrange ensuite comme l'on peut. Rappelle-toi donc que pour entrer ici, on est censé fournir des certificats qui attestent en même temps une bonne conduite et une santé robuste. Sois persuadé d'ailleurs que l'état militaire n'a pas plus d'attraits pour moi que par le passé ; quand l'occasion se présentera, je ne la laisserai point échapper et je rentrerai dans mes foyers ; alors, si tes intentions sont toujours les mêmes, nous pourrons vivre et travailler ensemble comme deux bons amis. Ma chère mère m'a très bien tenu parole et Callaud m'est comptable sur le produit de la vente du Chausse d'une somme de 1250 francs dont l'écrit bien en forme existe entre ses mains.
Il te semble étonnant que j'aie demandé une somme de 50 louis à la fois ? Fais attention, mon cher ami, qu'en sortant sous-lieutenant de l'Ecole militaire, j'aurai à acheter depuis le chapeau jusqu'aux souliers ! J'estime que l'équipement est une affaire de 1500 francs si on y comprend le manteau et mon compte est parfaitement exact. Il paraît certain maintenant que les permissions seront très difficiles à obtenir ; nous verrons dans le courant du mois prochain si nous ne trouverons pas quelque moyen d'en avoir une ; si ma santé continue à être faible, peut-être nous y parviendrons assez facilement, mais il faudra cependant alléguer quelque puissant motif et je me charge de te mettre sur la voie quand il en sera temps.

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