Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)
Paris, 17 juin 1806
Mon bon ami,
Je pars ce soir à 4 heures pour me rendre à Besançon ; dans six jours je serai, j'espère, rendu à Neuchâtel. Je me suis décidé à passer par Paris parce que je n'ai point trouvé d'occasion d'Orléans à Dijon. Je ne fais que trente lieues de plus et tout calcul fait, il m'en coûte moins cher.
J'ai été hier matin au bureau de la Guerre ; mon régiment est maintenant à Genève, mais le dépôt est toujours à Neuchâtel et c'est là que je me rendrai directement. J'ai été également au bureau de l'équipement pour y prendre quelques renseignements sur mon uniforme ; d'après les notes que j'ai reçues il m'en coûtera encore au moins 25 louis pour être au complet ; avec 900 francs que j'ai emporté de Tours je me serais trouvé là-bas sans un sol ; j'ai donc prié l'ami Brédif de me prêter 150 francs dont je lui ai fourni mon mandat sur toi. Fais-moi l'amitié, mon bon ami, de le payer à présentation.
Tu vois, mon cher frère, que j'ai toujours recours à toi, mais n'es-tu pas le seul ami que j'ai maintenant dans le monde ? C'est sur toi seul que je compte dans la cruelle situation où je me trouve et j'espère que ton amitié ne me manquera jamais.
Adieu, je vais monter en diligence avec deux capitaines de mon régiment que j'ai rencontrés à Paris, je t'écrirai sitôt mon arrivée.
Tout à toi.
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