Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815) Fontainebleau, Ecole militaire, 20 janvier 1806 Le 1er janvier s'est passé fort tristement pour nous, mon cher ami ; nous comptions de bonne foi sur une levée et malheyreysement il n'en a pas été question. Il paraît aujourd'hui bien décidé que personne ne partira avant le retour de l'Empereur ; nous l'attendons ces jours-ci à Fontainebleau. Ce qui nous donne beaucoup d'espérance, c'est qu'on ne saura bientôt plus où loger toutes les recrues qui nous arrivent à chaque instant. Le château ne peut contenir que 618 hommes et nous sommes actuellement près de 600 ; nous nous préparons d'ailleurs à donner à notre souverain une idée avantageuse de nous. Je suis destiné pour ma part à manoeuvrer la pièce de 24 ; nous faisons tous les jours un bruit d'enfer avec nos canons et nos mortiers. J'ai manqué ce matin me faire écraser par une bombe ; je suis aux trois quarts sourd, mais tout cela n'est rien. Le quartier-maître a accepté ma traite sur Paris en paiement de mon cinquième trimestre ; je ne doute pas qu'elle soit bien payée et je doute encore moins que j'aie compté de l'argent à l'Ecole pour la dernière fois. |