Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Cortaillod, près Neuchâtel , 27 juin 1806

Après quinze jours de marche, je suis enfin arrivé à Neufchâtel ; j'ai passé le Jura, et suis actuellement à 200 lieues de toi ; il m'en a coûté 350 francs pour mon voyage, et je t'assure que j'avais besoin du petit supplément que j'ai pris à Paris.
%on régiment n'est point ici ; il est encore en Allemagne, et le dépôt est à Mayence. Je n'ai trouvé ici que le bataillon d'élite, qui fait partie de la division Oudinot depuis le commencement de la campagne. M. Desailly, mon colonel, le commande en personne. On a d'abord parlé de me faire rejoindre à Mannheim, mais, depuis deux jours, mon colonel a changé d'avis : définitivement il me garde avec lui. J'ai été assez heureux pour lui convenir, et je resterai attaché jusqu'à nouvel ordre à une compagnie de carabiniers. Tu vois que je n'ai pas mal débuté. Tous nos messieurs me comblent de prévenances et d'amitiés. Hier j'ai dîné avec M. Desailly, aujourd'hui avec le chef de bataillon ; je suis invité pour plusieurs jours, et je ne mangerai pas une seule fois à mon logement jusqu'au moment de mon départ pour Saint-Aubin, où je vais rejoindre la 4è compagnie d'élite.
Les troupes qui occupent dans ce moment la principauté sont en cantonnement dans les villages. Nous resterons probablement dans ce pays jusqu'au mois d'août ; on espère que nous reprendrons à cette époque la route de France, pour assister aux fêtes triomphales. le prince Berthier n'est pas encore venu à Neuchâtel ; on fait de grands préparatifs pour le recevoir.
Mon adresse est : A.C. officier au 15è régiment d'infanterie légère, 4è compagnie d'élite ; à Saint-Aubin près Neuchâtel. Division Oudinot, Grande Armée.

P.S. Fais-moi le plaisir d'affranchir tes lettres.

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