Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Frankenstein, 12 novembre 1808

Depuis ma dernière du 2 courant, je n'ai point reçu de tes nouvelles. Pourquoi, mon cher ami, restes-tu donc aussi longtemps sans m'écrire ? Si M. de Salaignac n'est point passé au moment où tu recevras celle-ci, il ne devra point tarder à paraître. Je te renouvelle la prière que je t'ai déjà faite, de le traiter comme un de mes camarades.
Le jour de notre départ est fixé au 17 de ce mois. Nous ne connaissons point encore notre destination ; nous savons seulement que nous traverserons la Saxe pour nous rapprocher des bords du Rhin. Je me mettrai en route le 16 pour aller d'avance faire le logement de mon régiment. Nous quitterons la Silésie comme nous quittons tous les pays où nous séjournons quelque temps, c'est-à-dire sans regret. Nous n'en regardons pas moins ce pays-c- comme un des plus beaux de l'Allemagne.
Nous ne faisons plus actuellement partie de la Grande Armée, et nous serons à l'avenir désignés sous le nom d'armée du Rhin. La Grande Armée a été dissoute par un décret de Sa Majesté.
J'attends avec impatience des nouvelles d'Espagne ; dis-moi donc bien vite, mon ami, tout ce que tu pourras en apprendre. Je vous souhaite à tous toutes sortes de prospérité e je vous embrasse de bien grand coeur.
Tout à toi

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