Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Thorn , 27 juin 1808

Je te confirme, mon bon ami, ma dernière lettre du 15 courant, par laquelle je t'annonçais mon mandat de 240 francs sur MM. Gaudelet Dubernard et Cie de Paris.
Il m'est érrivé depuis deux événements désagréables qui viennent encore me couper la bourse d'une manière cruelle. Le 24 de ce mois sur les six heures du matin, je dormais d'un profond sommeil ; mon domestique, qui venait d'entrer chez moi pour y prendre mes habits, laissa ma porte ouverte, et, une heure après, quand je sortis de mon lit, je m'aperçus qu'on m'avait enlevé ma bourse, une fort belle montre en or, une paire d'éperons en argent et mes épaulettes.
En ma qualité d'adjudant de la place, j'eus de suite à mes ordres tous les agents de la police ; deux heures après on m'amena un personnage entre les mains de qui je retrouvai ma montre et mes autres effets, mais mes espèces sont définitivement perdues.
Pour comble de guignon, mon domestique mena le même jour mon cheval au vert dans l'intérieur des fortifications ; une vipère le piqua à la jambe gauche de derrière, un peu au-dessus du pâturon ; on le ramena avec beaucoup de peine à l'écurie, et en dépit des secours de tous les artistes vétérinaires de la ville, j'ai eu le malheur de perdre ma belle Vestale, dont je refusais encore 22 louis d'or il y a quinze jours.
Je ressens vivement cette double perte qui me fait tort de plus de trente louis.

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