Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)
Vienne, 12 novembre 1809
Je viens, mon cher ami, de recevoir ta lettre du 28 octobre. Je désire sincèrement que ton voyage de Calais te rapporte tous les avantages que tu parais en attendre. Je crois que nous n'irons point en Espagne ; on dit même que toute l'armée d'Allemagne restera sur le pied où elle se trouve maintenant. M. le maréchal Davout commande en chef depuis le départ de Sa Majesté.
Cette campagne n'a vraiment pas été heureuse pour moi. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour gagner la décoration, j'ai même réussi à me faire remarquer ; mais les circonstances m'ont très mal servi : d'une part la blessure de mon général m'a fait perdre le moment favorable ; d'une autre, M. le général de division Puthod, auprès duquel j'ai fini ma campagne, a éprouvé une disgrâce qui a fait un tort infini à tous les officiers de son état-major. Il faut donc prendre son mal en patience et attendre une nouvelle campagne.
Je suis toujours très bien avec mon général : cependant, mon intention n'est pas du tout de rester auprès de lui. J'ai déjà fait mes démarches pour obtenir une compagnie dans mon ancien régiment. Je suis encore trop jeune militaire pour avoir des droits à entrer dans la Garde impériale. J'ai vu des officiers de mérite appuyer leur demande de vingt ans de grade et ne pas réussir. Dans tous les cas, mon ami, tu te fais une fausse idée de la Garde à cheval ; si j'étais le maître de choisir, c'est dans la Garde à pied que je voudrais entrer.
Adieu, mon cher ami. Ne perds point courage ; tes affaires deviendront infailliblement meilleures e tu viendras tôt ou tard à bout de te créer une jolie fortune. C'est ce que je te souhaite de bien grand coeur.
Ton sincère ami.
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