Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Au bivouac, près de Braslaw, 17 juillet 1812

Nous menons depuis six semaines la vie des Tartares. Nous couchons tous les soirs à la belle étoile, faisant assez maigre chère. L'eau fraîche et les bivouacs m'ont singulièrement fait maigrir.
La division Morand, ainsi que celle du général Friant, dont m'on régiment fait partie, sont, depuis le passge du Niémen, sous les ordres du roi de Naples. Nous formons l'avant-garde avec la cavalerie. La cavalerie légère ouvre la marche, et l'infanterie marche avec les cuirassiers et les carabiniers à cheval. Jusqu'à ce moment, nous n'avons eu aucun engagement sérieux; mais, comme nous arrivons demain sur les bords de la Duna, nous nous attendons à nous servir de nos cartouches et de nos baïonnettes.
Si tu jettes un coup d'oeil sur la carte, tu trouveras facilement notre position. Nous avons passé le Niémen à Kowno ; nous avons ensuite marché sur Wilna, Swenzjany, Widsy, Obra et enfin Braslaw ; nous sommes encore à huit lieues de la Duna que nous espérons passer entre Dunabourg et Polotsk.
Il me reste à t'annoncer une nouvelle que tu recevras sans doute avec joie. Sur la demande spéciale de M. le général de division Friant, Sa Majesté m'a nommé, le 18 du mois dernier, chevalier de la Légion d'honneur.
Nous apprenons à l'instant que le corps du maréchal Ney a eu avant-hier un engagement avec les Russes. Nous ne marcherons pas demain. Il paraît qu'on nous laissera deux ou trois jours de repos avant la fête.

retour vers le tableau de correspondance de Coudreux