Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Saratow, 21 mai 1814

Mon cher frère,
Cette lettre doit être mise à la poste par un capitaine hollandais qui retoutne dans sa patrie. Je profite de toutes les occasions favorables pour te donner de mes nouvelles. Comment se fait-il que je n'aie reçu qu'une seule fois des tiennes ? Les communications avec la France ont été sans doute bien difficiles depuis six mois ; cependant, beaucoup de mes camarades ont reçu des lettres et de l'argent pa l'entremise de MM. Perregaux, Laffitte et Cie, de Paris.
Ma santé est excellente ; mes blessures sont bien cicatrisées et ne me gênent presque pas. Nous sommes traités avec beaucoup d'humanité, et je serais enfin aussi heureux qu'un prisonnier peut espérer de l'être, si j'avais la certitude que tu n'as éprouvé aucun malheur, au milieu de la crise terrible que notre pauvre patrie vient d'essuyer !
J'espère que tu auras reçu, dans le courant de décembre dernier, des nouvelles par M. Dauchy, et nous comptons beaucoup, Bedouet fils et moi, que vous nous aurez fait passer quelques centaines de roubles pour notre retour.
Adieu. J'espère que notre captivité finira bientôt.

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