Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Paris, 17 mai 1815

Depuis ta lettre du 7 courant, mon cher frère, je n'ai pas reçu de tes nouvelles. Le renouvellement des autorités civiles a-t-il produit à Tours quelque changement avantageux ? Ici, le peuple se prononce de plus en plus pour la cause de la patrie et de l'Empereur. J'étais de ronde la nuit passée ; j'ai été étonné de l'exactitude avec laquelle la garde nationale fait son service.
La revue du dimanche a fait une grande impression dans Paris : les fédérés des faubourgs Saint-Marceau et Saint-Antoine ont été harangués par Napoléon. Les patriotes se réjouissent en voyant l'enthousiasme que manifestent dans tous les départements du Nord et des bords du Rhin la classe des paysans et celle du peuple dans les grandes villes. L'armée se recrute de jour en jour ! En vingt-quatre heures les vieux soldats qui rentrent dans nos cadres sont habillés, armés et partis pour les frontières.
Nous sommes actuellement en mesure pour bien recevoir les étrangers. Beaucoup de gens croient encore que le guerre n'aura pas lieu.
Je me suis promené aux Tuileries avant-hier avec Gavoty. Le commerce de Paris commence à reprendre de la confiance ! On dit que Louis XVIII a quitté Lille.
Rien de nouveau pour moi jusqu'à ce moment. Je m'attends toujours à recevoir sous peu une destination.
Mon arriéré de solde s'élève à 4.150 francs ; mes pièces bien en règle sont dans les bureaux. Nous en serons bien payés, pas le moindre doute ; mais, dans ce moment, on n'y pense point.

retour vers le tableau de correspondance de Coudreux