Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Paris, 28 avril 1815

Ta lettre du 24 courant s'est croisée avec la mienne du 25. La stagnation des affaires, la baisse des fonds publics, la rareté de l'argent, sont, mon ami, une suite toute naturelle des événements politiques qui viennent de se passer, et des préparatifs immenses qui se font de part et d'autre sur les frontières. Il paraît maintenant certain que les hostilités sont sur le point de commencer. On parle du départ très prochain de l'Empereur pour l'armée. La première affaire sera terrible et décidera de tout le reste de la campagne, ou plutôt du sort de l'empire.
Je suis désolé de ne point encore avoir de commandement ; mais enfin, patience. Je connais aujourd'hui bien des gens qui n'ont rien perdu pour être restés dans leurs dépôts pendant dix ans !
Le travail pour la Garde impériale n'a pas encore paru ; je sais qu'il est dans ce moment à la signature. Aussitôt que M. Hurelle sera placé, il trouvera bien sans doute les moyens de payer son billet. Je te promets de ne pas perdre ton affaire de vue. Sa conduite, sans doute, est fort répréhensible ; mais il est dans le cas de ces certains diables qu'on ne peut pas peigner parce qu'ils n'ont de cheveux.

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