Lettres du commandant Coudreux à son frère (1804-1815)

Paris, 8 avril 1815

Mon cher ami,
Ma chère mère m'a remis ta lettre du 1er avril ; elle se porte à merveille. Nous nous voyons régulièrement tous les jours ; je passe trois ou quatre heures de la journée avec elle. Elle est enchantée de son voyage. Elle me charge de vous faire mille compliments et de vous dire qu'elle vous embrasse tous de tout son coeur.
Les nouvelles de Bordeaux ont fait ici le plus vif plaisir ; celles du Midi sont également très bonnes : on attend d'un moment à l'autre des députés de la ville de Marseille. Les fonds publics montent à chaque Bourse.
Sur les frontières du Nord, on est jusqu'à ce moment très tranquille. L'armée est belle et peut se monter à 200.000 hommes. On asure qu'on négocie sur tous les points, et je vois souvent des personnages qui prétendent qu'on ne se battra qu'à coups de plume. Je pense cependant que tu dois mener les affaires commerciales plus sagement que jamais ; d'ici à trois semaines, les événements se développeront : il est prudent de ne rien hasarder en ce moment.
On voit toujours beaucoup d'Anglais à Paris. Deux puissants personnages de cette nation ont dîné il y a trois jours chez le roi Joseph.
Adieu, mon ami. Donne-moi des nouvelles de nos contrées et crois-moi
Ton meilleur ami.

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